Une cuillerée de miel
Et là Honorine s’est levée, avec son mouchoir elle a séché ses larmes et a crié à son père de lui jurer de ne jamais toucher aux ruches de sa mère de les lui donner et pour toujours ! Le vieux a commencé par « rouméguer », les abeilles l’ont fait reculer. Alors mon père s’est approché de lui, et lui a dit de la laisser tranquille, de lui accorder cette faveur. D’abord il a gueulé comme un cochon qu’on égorge qu’il n’allait pas être humilié une seconde fois, en s’abaissant à jurer à une enfant. Là mon père lui a parlé tout bas, personne n’a entendu. Le vieux s’est calmé, il est revenu à de meilleurs sentiments, et il a juré devant tout le monde qu’il lui laisserait les ruches. – Il lui a dit quoi ton père ? – Je n’en sais rien, il n’a jamais voulu me le répéter. Mais le plus fort petit c’est qu’une fois le serment fait devant tout le monde, les abeilles sont parties, en un clin d’oeil, elles ont foutu le camp ! Personne n’avait jamais vu ça ! Tu comprends à présent pourquoi elle y tient tant que ça à ses abeilles. À PROPOS DE L'AUTEUR Né à Villeneuve lès Avignon en 1963, Gilles La Carbona vit actuellement dans le Vaucluse. Bercé par la truculence de sa Provence natale, autant que par la douceur de l’océan ou le mystère des berges des gaves, l’auteur commence à écrire il y a plus de vingt ans. Romancier, dramaturge, passionné de littérature, de nature, épicurien à toute heure, il signe là son nouveau roman.
Une cuillerée de miel
Et là Honorine s’est levée, avec son mouchoir elle a séché ses larmes et a crié à son père de lui jurer de ne jamais toucher aux ruches de sa mère de les lui donner et pour toujours ! Le vieux a commencé par « rouméguer », les abeilles l’ont fait reculer. Alors mon père s’est approché de lui, et lui a dit de la laisser tranquille, de lui accorder cette faveur. D’abord il a gueulé comme un cochon qu’on égorge qu’il n’allait pas être humilié une seconde fois, en s’abaissant à jurer à une enfant. L...