Les Pentes Fabuleuses - Trilogie Furtive 1975-1992
Résumé : La haine de l'ennui, énorme. Le bonheur de la flemme. De quoi je me serais plaint ? C'était les beaux jours ou jamais et je le savais et j'en profitais.Les montagnes fantastiques, les forêts médiévales, la girandole des pentes, les prés, les champs volubiles, les blés, les cailloux, les vaches, le chien, la ferme, l'imprimerie, le tracteur, les tronçonneuses, les machines, les beaux outils, tout ce qu'on bouffe, boit, respire, renifle, aperçoit, ressent, mon bel état d'idiotie bienheureuse, la joie des cerises, des fraises et des patates, et du fromage par goinfrées, les ruisseaux où se tremper le cul, les tropiques dès les foins de juin, les pluies démentielles, le vert fabuleux des printemps, les automnes couleur de pain avec la brume comme de la mie, les neiges de ruée vers l'or, la complicité des bêtes, des légumes et des éléments, les rêves en technicolor, ma vie dans les arbres... les merveilles étaient encore tellement plus nombreuses que les démons.Je ne faisais pas de différence entre lire et regarder autour de moi, je passais insensiblement de l'un à l'autre. En bout de ligne ou de page, mes yeux continuaient dans le décor, je déchiffrais Arthur Gordon Pym avec les mêmes yeux que je lisais la montagne gravée de cicatrices, une phrase de cailloux dans la cour, un nuage parmi le vaste ciel, un peu d'eau qui coule entre les herbes, une mécanique qui déconne, la lente mélancolie d'un bestiau, la pluie battant le carreau ou le feu tout juste allumé, encore si incertain et qui profitera de la moindre inattention pour ne plus prendre, je fixais chaque phrase comme l'incandescence rebelle du filament dans l'ampoule qu'on vient d'éteindre. Je lisais en plissant les yeux, comme lorsque je cherchais à ne plus voir que mes cils, quand je faisais semblant d'être mort, en trichant un peu et que, déjà, de peur d'y rester vraiment, les paupières tremblent, le masque du museau se tord en grimace lente, les quinquets piquent et pleurent deux gouttes qui brouillent le ciel à la renverse tandis que couve dans le chatouillis de la gorge l'imminente déflagration d'un rire phénoménal à en souffler les montagnes.
Les Pentes Fabuleuses - Trilogie Furtive 1975-1992
Résumé : La haine de l'ennui, énorme. Le bonheur de la flemme. De quoi je me serais plaint ? C'était les beaux jours ou jamais et je le savais et j'en profitais.Les montagnes fantastiques, les forêts médiévales, la girandole des pentes, les prés, les champs volubiles, les blés, les cailloux, les vaches, le chien, la ferme, l'imprimerie, le tracteur, les tronçonneuses, les machines, les beaux outils, tout ce qu'on bouffe, boit, respire, renifle, aperçoit, ressent, mon bel état d'idiotie bienheure...