Interpol
A bien y réfléchir, peu de groupes récents sont parvenus à un réel aboutissement artistique. Interpol est de ceux là. Depuis 2002 et leur exceptionnel Turn On The Bright Lights, album à l'obscurité aveuglante dans lequel l'auditeur avançait à tâtons, trébuchait, puis se relevait sans cesse l'estomac noué par la beauté sidérante de certains titres, Interpol faisait figure de groupe new yorkais arty à souhait, sans les artifices. Un groupe terriblement doué, contrairement à la majorité de ses pairs... Antics deux ans plus tard avait convaincu par sa manière habile de mettre de l'ordre dans ce foutoir narcissico-dépressif génial. Et si Our Love To Admire en 2007 proposait des pépites incroyables, on sentait néanmoins le « climax » artistique d'Interpol se profiler derrière nous...Cet album sans titre et au logo brisé sur la pochette (figure de style ou aveu d'échec à peine masqué ?) vient confirmer que le pic Interpol est dorénavant loin derrière. L'escapade solo de Paul Banks (l'étonnant Julian Plenti is... Skyscraper, disque qui prend de la bouteille en vieillissant, au fil des écoutes) n'était sans doute pas innocente : c'est lorsque l'on sent le vent tourner qu'on va voir ailleurs avec sa besace. Le départ récent du bassiste Carlos D. vient corroborer cette hypothèse, qui a malheureusement tout l'air d'une certitude lapidaire : Interpol est mal en point.Les New Yorkais sont cependant toujours capables de quelques fulgurances mélodiques (« Success », qui ouvre le disque), avec, toujours, cette manière d'amener les chansons là où ne les attend pas, conférant à celles-ci des allures de classiques dès la première écoute. Côté production, le noir brillant du groupe est renforcé par un mixage inventif insufflé par l'orfèvre Alan Moulder, qui respecte le cahier des charges du « son Interpol », avec cette basse gonflée, très en avant, galopante, surfant avec habileté sur le son cristallin de la batterie.Mais voilà, le travail de studio ne fait pas tout. La plupart des nouvelles compositions d'Interpol sont tout simplement faibles. Et les lourdeurs sont majoritaires sur ce quatrième album. La très laborieuse « Always Malaise (The Man I Am) », la nauséeuse « Barricade » ou la trop répétitive « Lights » piègent l'auditeur dans cet album qui ne comporte quasiment aucune porte d'entrée, et trop de sorties de secours.Un échec global, donc. Mais le groupe bénéficie de quelques rares beaux restes qui sauvent les meubles. D'aucuns trouveront ça mince, mais la dernière partie de « Summer Well » (une minute exactement) pourrait valoir à elle seule l'acquisition du disque. Exagération éditoriale du chroniqueur qui cherche l'oasis au milieu du désert ? Peut-être. Toujours est-il qu'une fois l'impitoyable raison recouvrée, on réalise que l'on assiste là à la fin d'un des groupes de rock les plus séduisants de ces dernières années. Interpol est mort. Vive Interpol... Copyright 2013 Music Story De Vaubicourt Arnaud
Interpol
A bien y réfléchir, peu de groupes récents sont parvenus à un réel aboutissement artistique. Interpol est de ceux là. Depuis 2002 et leur exceptionnel Turn On The Bright Lights, album à l'obscurité aveuglante dans lequel l'auditeur avançait à tâtons, trébuchait, puis se relevait sans cesse l'estomac noué par la beauté sidérante de certains titres, Interpol faisait figure de groupe new yorkais ...