Les Ordres Mendiants En Bretagne (Vers 1230 - Vers 1530)

A partir des années 1230, la Bretagne voit se créer des communautés de pauvres volontaires Franciscains, Dominicains, Carmes et Augustins. Ces religieux d'un genre nouveau ont choisi de revenir à la pauvreté apostolique et de vivre d'aumônes (d'où leur nom de Mendiants). Aussi la ville est-elle leur terrain d'élection et le lieu privilégié de leur action pastorale. Leurs couvents croissent en nombre et en effectifs à mesure que se développent le commerce et les cités bretonnes : les structures religieuses évoluent en harmonie avec la société globale. Qu'il est dur de respecter le choix initial de la pauvreté, malgré le grand prestige qu'en tirent les frères auprès des foules bretonnes et de leurs dirigeants ! Les petits renoncements à la règle sont bientôt suivis de grands abandons chez les Conventuels. En face se dresse la contestation des Observants Franciscains, qui poussent l'austérité jusqu'à se retirer dans des ilote stériles de la Manche. L'architecture mendiante, si méconnue et pourtant si attachante, constitue un miroir fidèle de la courbe spirituelle suivie par les frères la pauvreté originelle des édifices est peu à peu voilée par des placages riches, l'iconographie gagne progressivement en abondance et en variété. La prédication constitue le mode d'intervention essentiel des religieux pour maintenir une société en mutation sous la houlette de l'Eglise. Vincent Ferrier impressionne durablement les foules en parlant du Jugement Dernier,et des peines de l'Enfer ; Olivier Maillard dénonce avec véhémence les vices des Nantais dans son carême de 1470. Mais les Mendiants font également passer leur message par d'autres canaux : célébrations religieuses régulières, confession, enrôlement des laïcs dans les confréries et les tiers-ordres. Les représentations peintes et sculptées favorisent la diffusion d'un enseignement articulé autour de quelques thèmes majeurs : la mort et le jugement, la passion du Christ, l'obtention du salut par les oeuvres et par l'achat d'indulgences. Le succès de cette pastorale suscite l'hostilité acharnée du clergé séculier, d'où des conflits hauts en couleurs. Quant à l'influence sociale des frères, elle s'exerce en priorité sur les grands de ce monde, alors que les masses sont l'objet d'une attention lointaine et intermittente. Les carrières de quelques religieux confesseurs des ducs de Bretagne témoignent des liens entretenus par les Mendiants avec le milieu dirigeant, tout particulièrement sous Charles de Blois et Jean V. La conclusion s'efforce de rendre compte de ce paradoxe.