Une Histoire Ordinaire
- Vérité, peut-être, mais qui ne me console pas, mon oncle. Je connais à présent, le fond de votre théorie. Je vois ce monde du même ¿il que vous. Et cependant la vie m'est odieuse. Pourquoi donc ? - Manque d'habitude. Tu n'es pas le seul, il y en a d'autres. Des martyrs ? Non des hommes comme les autres, mais plus dignes de pitié. Mais qu'y faire ? On ne peut pas, pour épargner une peine à quelques-uns, arrêter le mouvement de la masse entière. Quant à tes reproches de tantôt, j'ai une excuse. Te souviens-tu, lors de ton arrivée à Pétersbourg, qu'après cinq minutes d'entretien, je t'ai engagé à retourner à ton village ? Mais tu n'as pas voulu. Tu m'as demandé conseil et je t'ai conseillé. Mais toi, au lieu de travailler, tu as passé le temps à gémir sur la trahison de celle-ci et de celle-là, à souffrir tantôt d'un vide à l'âme, tantôt d'un trop-plein au c¿ur. Est-ce une vie ? Regarde nos jeunes gens : comme tout en eux révèle le bouillonnement d'une activité raisonnée, d'une énergie mesurée ! Comme ils expédient adroitement ces billevesées que, dans ton ancien langage, tu appelais des émotions, des sentiments, des douleurs, et le diable sait comment ! ...
Une Histoire Ordinaire
- Vérité, peut-être, mais qui ne me console pas, mon oncle. Je connais à présent, le fond de votre théorie. Je vois ce monde du même ¿il que vous. Et cependant la vie m'est odieuse. Pourquoi donc ? - Manque d'habitude. Tu n'es pas le seul, il y en a d'autres. Des martyrs ? Non des hommes comme les autres, mais plus dignes de pitié. Mais qu'y faire ? On ne peut pas, pour épargner une peine à quelques-uns, arrêter le mouvement de la masse entière. Quant à tes reproches de tantôt, j'ai une excuse...