Sisterworld

Après des escapades européennes, ce troisième album de Liars est enregistré à Los Angeles et signe les retrouvailles du trio new-yorkais avec les studios américains. Si Drum's Not Dead puis Liars ont déjà prouvé le bien-fondé de la présence du groupe dans la constellation rock, Sisterworld se révèle d'abord comme une simple confirmation : oui, Liars sait se renouveler album après album et, oui, Liars mérite qu'on y accorde plus d'importance encore. Sisterworld se rapprocherait, selon la tradition de ses exigeants auteurs, d'une expérience presque transcendantale. L'ensemble raconte une histoire, celle de la solitude qui nous étreint dans les grandes villes, aussi bien devant notre ordinateur ou dans une rue bondée. Sisterworld parle des addictions plus ou moins toxiques qui nous rongent au quotidien, des fantasmes que l'homme a en lui - les plus utopiques ou les plus déviants... Pour accompagner ces réflexions existentielles, l'instrumentation est au diapason et ne se refuse rien.Si le tribal « No Barrier Fun » est le morceau le plus accessible de l'album grâce à sa basse accrocheuse, « Here Comes All The People » illustre la capacité des New-Yorkais à distiller une (très haute) tension. Tension qui éclate avec la violence de « Screcrows On A Killer Slant » puis le punk désenchanté de « The Overachievers »... avant de repartir vers des contrées conceptuelles inhabitables et pourtant habitées, leur conférant parfois même une dimension pop. La folie n'est jamais loin de la furie, ainsi l'atteste « I Still Can See An Outside World », mais trouve de temps à autre un sas de décompression grâce à des morceaux dont le lancinant et superbe « Too Much, Too Much » de clôture, qui relèverait presque de la séance d'hypnose.Sisterworld est un disque parlant la claustration, mais est également (et paradoxalement) empreint du topique de l'éveil. Liars semble en effet ne plus s'embarrasser de contraintes, quelles qu'elles soient - géographiques, thématiques, techniques... Seul le sentiment compte, et le respect, infini, pour la musique qu'ils jouent. Aucune médiocrité n'est tolérée, aucun morceau doit se permettre d'être une simple et bête distraction. Ainsi, Sisterworld devrait s'imposer comme un des albums les plus passionnants de l'année 2010. Copyright 2013 Music Story Rosemont Sophie